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mardi 29 avril, 2025

Bornes de recharge automobile : pas plus de 1600 à travers le royaume !

  • Dans l’absence de subventions publiques , le coût d’installation des bornes et leur ROI dissuadent les investisseurs : jusqu’à 1,5 millions de DH pour installer une borne en courant continu (DC).

  • Cela dit, ce sont les bornes courant alternatif (AC), au coût largement moins onéreux, qui sont les plus adaptées pour recharger sans user la batterie.

  • Nécessité d’adopter les mécanismes de soutien pour les opérateurs et réfléchir à comment faire éclore une filière de bornes au lieu de continuer à les importer.

Statut quo pour les incitations de l’Etat à passer vers l’hybride et l’électrique. Le projet de loi de finances 2025 est resté silencieux sur ce volet malgré les multiples appels des professionnels à adopter des mécanismes incitatifs pour promouvoir ces moyens de mobilité qui ne cessent de gagner du terrain sous d’autres cieux, connus pour servir de benchmark pour le Maroc. Actuellement, la seule incitation pour les acquéreurs consiste en l’exonération de la vignette instaurée par la LF de 2017.

En 2023, à en croire les données de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), pas plus de 7165 unités ont été vendues en 2023, dont 463 voitures électriques ( 6,5% du segment hors motorisations thermiques). Pour 2024, l’Association mise sur la vente de 9200 véhicules, dont 900 voitures EV (environ 10%). Clairement, à ce rythme, le marché peine encore à prendre du volume, du moins celui que visent les opérateurs automobiles présents sur ce segment depuis quelques années.

D’où le rôle des mécanismes d’aide et d’incitation. Dans la configuration actuelle des choses, ces mécanismes aideront le consommateur à arbitrer de façon positive en faveur de l’électrique dans son processus de décision au vu des contraintes actuelles qui se dressent notamment l’insuffisance des bornes de recharges qui pèsent lourd dans la décision d’achat.

En effet, mise à part le coût d’acquisition élevé, mais qui reste toutefois relativement intéressant si l’on raison par coût de possession ( Cost of Ownership) et non par le prix nominal d’achat, l’insuffisance des bornes de recharges à travers le royaume n’aide pas dans l’adoption de ces nouvelles motorisations en tant que moyens de mobilité durable. A en croire les données des professionnels du secteur, pas plus de 1 500 bornes de recharge AC ( courant alternatif) et moins de 100 bornes DC (courant continu) au Maroc. Ces dernières sont disponible aujourd’hui dans le réseau Afriquia et nécessitent un coût très onéreux : jusqu’à 1,5 million de DH (y compris les frais d’installation).

Une bonne nouvelle toutefois : les professionnels s’accordent à penser que ce sont les bornes de recharge AC, dont le prix ne dépasse pas 30 000 DH, qui ont un vrai rôle à jouer dans le développement de l’électrique et l’hybride et ainsi aller vers la mobilité verte qui épouse les choix énergétiques du royaume et l’orientation prise depuis des années au sommet de l’Etat. Leur argument : les véhicules électriques circulent le plus souvent en ville.

De manière schématisée, les bornes DC sont idéales pour les trajets longue distance, elles dégradent la batterie plus que les bornes au courant alternatif. Plus on recharge rapidement la batterie, plus on la dégrade, sachant que la garantie ne dépasse pas en général 8 ans. Recharger lentement en alternatif permettrait à la batterie de gagner en terme de durée de vie. Sur ce volet, l’Association professionnelle intersectorielle pour la mobilité électrique (APIME) avait annoncé son ambition d’installer 2 500 bornes de recharge AC au Maroc d’ici 2026, principalement dans l’axe Casablanca-Rabat-Tanger. Projet qui avance très lentement au vu du rythme actuel d’installation.

Pour les observateurs, les pouvoirs publics ont tout l’intérêt à mettre en place des mécanismes de soutien pour favoriser l’installation de bornes de recharge qui encourageront l’achat de véhicules électriques. Selon des sources de l’AIVAM, l’association a transmis des propositions au ministère de la transition énergétique et du développement durable pour encourager les opérateurs de l’écosystème d’installation pour la mise en place d’un large réseau de bornes à travers le pays. Requête qui prend, elle aussi, du temps à avoir une suite et de l’effet.
Force est de relever que l’intégralité des bornes DC et la majorité des bornes au courant alternatif installées au Maroc sont importées. La parade consisterait alors à réfléchir aux moyens pour faire éclore une filière industrielle de fabrication locale de ces bornes. Dans ce sens, les subventions à instaurer par les pouvoirs publics pourraient être déterminantes dans le développement du virage à l’électrique. A bon entendeur !

Encadré :

En Europe, l’installation de 3 millions de bornes de recharge devrait coûter 80 milliards d’euros d’ici 2030 !

En estimant qu’il y aura 30 millions de voitures électriques en circulation au sein de l’Union européenne en 2030, il faudra obligatoirement des investissements massifs en points de recharge (sans compter les adaptations éventuelles sur le réseau électrique). L’agence de presse Reuters relaie dans une étude datant de 3 ans de l’organisation Eurelectric, avec le cabinet Ernst & Young, qu’il en faudrait 3 millions sur le territoire de l’U.E pour faciliter l’utilisation des voitures électriques. Le coût estimé de cette infrastructure est d’environ 80 milliards d’euros. Ce rapport distingue les bornes publiques et celles installées par des opérateurs privés. La répartition estimée sera d’un quart pour les autorités (20 milliards d’euros) et trois quarts pour le privé (60 milliards d’euros).

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